Une technique venue d’Italie (non, pas les pâtes cette fois)
Quand on parle d’Italie, on pense pizza, Vespa, dolce vita… Pas forcément à un accouchement plus naturel et physiologique. Pourtant, c’est bien de là que vient cette fameuse méthode italienne d’accouchement, qui fait doucement parler d’elle dans les couloirs de maternité en France. Alors, non, ce n’est pas un accouchement où l’on pousse en criant « Mamma mia ! » mais plutôt une approche respectueuse du corps de la femme et du rythme du bébé. Une petite perle venue du Sud, à découvrir sans tarder.
Mais concrètement, qu’est-ce que c’est que cette méthode ? Et surtout, pourquoi pourrait-elle (enfin !) rendre la naissance un peu moins stressante, un peu plus douce ? J’ai creusé un peu — entre deux bains mousse avec les petits et quelques tasses de café trop froid — pour vous en parler.
La méthode italienne : un accouchement à la verticale
À la base de cette méthode, il y a une idée toute simple mais redoutablement logique : d’accoucher en respectant la gravité. Autrement dit, proposer aux femmes d’accoucher en position verticale — accroupie, debout, à quatre pattes, assise sur un ballon — plutôt qu’allongée sur le dos comme c’est le cas dans la grande majorité des maternités françaises.
En gros, on revient un peu à ce que la nature avait prévu à la base, avant que l’Homme (et probablement quelque médecin du siècle dernier un brin rigide) décide que la position allongée, bien plate, était la plus « pratique ». Pratique surtout pour le personnel médical, pas forcément pour la maman ni le bébé.
La méthode italienne remet donc le corps de la femme au centre du processus d’accouchement, en l’invitant à bouger, marcher, s’étirer, s’accroupir… Bref, rester active, afin que la gravité facilite la descente du bébé dans le bassin. Et mine de rien, ce petit coup de pouce « naturel », ça change énormément de choses.
Mais pourquoi a-t-on allongé les femmes pour accoucher, déjà ?
Bonne question, non ? Parce qu’instinctivement, on se dit bien qu’accoucher à plat dos, jambes en l’air dans des étriers, ce n’est pas ce qu’il y a de plus… épanouissant (ni franchement utile). En fait, cette position vient d’une époque où la médecine voulait tout maîtriser : mettre la femme en position gynécologique permettait au professionnel « d’avoir une meilleure visibilité ».
Mais cette position a un inconvénient majeur : elle ralentit souvent le travail. Le bébé doit « remonter » légèrement pour sortir, l’utérus est moins bien positionné, le bassin moins ouvert. Bon, vous voyez le genre. Un peu comme grimper une pente les bras attachés dans le dos.
La méthode italienne, en remettant la verticalité au centre de l’accouchement, veut justement faciliter la tâche aux bébés comme aux mamans. Et y’a pas à dire, ça fait du bien qu’on pense un peu à eux dans l’équation.
Une naissance plus douce, plus rapide ?
Des études menées en Italie, notamment à la maternité de Turin où cette méthode a été théorisée (avec le docteur Verena Schmid, pionnière du concept), ont montré que les accouchements verticaux durent souvent moins longtemps, nécessitent moins d’interventions (ventouses, forceps, etc.) et engendrent moins de complications pour la mère.
Concrètement :
- Le bébé descend plus efficacement grâce à la gravité
- Le bassin est plus mobile, plus ouvert (jusqu’à +28% d’ouverture selon certaines positions, c’est pas rien !)
- La mère est plus actrice, ce qui diminue souvent l’anxiété
- Le périnée est moins exposé à des déchirures sévères
Et pour avoir vu ma compagne en pleine « danse de la naissance » (oui, j’invente un peu le terme mais visuellement c’est ça), je peux témoigner que bouger, respirer, marcher pendant les contractions, c’est bien plus aidant que rester figée sur le dos à attendre le prochain monitoring.
Mais du coup, comment ça se passe en pratique ?
Dans les maternités qui la pratiquent (encore trop peu chez nous, soyons honnêtes), la méthode italienne inclut :
- Un accompagnement global : préparation physique mais aussi mentale à l’accouchement
- L’usage de supports comme le ballon, le coussin d’accouchement, le tabouret, la barre d’appui…
- Des sages-femmes formées à accompagner les naissances physiologiques
- Une salle adaptée pour laisser la maman libre de ses mouvements
La position est choisie par la femme, en fonction de ce qui lui semble confortable sur le moment. L’idée n’est pas de calquer une méthode rigide, mais au contraire de laisser la femme écouter son corps et celui de son bébé. Et ça, ça change toute la dynamique.
Petit bonus non négligeable : cette approche permet parfois de se passer de péridurale, ou en tout cas d’en retarder la pose. Et certaines mamans rapportent même (attention, mot rare dans un accouchement) un réel plaisir pendant certaines phases !
Et en France, on en est où ?
Autant vous dire que l’Italie a une petite avance. Chez nous, le modèle reste largement centré sur l’approche médicale, avec accouchement en position allongée, péridurale quasi automatique, et monitoring comme chef d’orchestre. Mais les choses changent !
Des maternités pro-physio émergent, des maisons de naissance s’ouvrent ici et là, et certaines sages-femmes libérales sont formées à accompagner les accouchements selon la méthode italienne (ou du moins dans cet esprit).
Et si vous attendez un heureux évènement, vous pouvez en parler dès maintenant avec votre professionnel(le) : exprimer vos souhaits, vous renseigner sur les positions possibles, tester le ballon à la maison (bonus : les enfants adorent jouer avec s’il traîne dans le salon !).
Est-ce pour tout le monde ?
Comme toujours en parentalité (et globalement dans la vie), chaque situation est unique. La méthode italienne convient particulièrement bien aux accouchements physiologiques sans complication prévue. Mais même si une péridurale est posée, certaines positions semi-verticales restent possibles !
Et rien ne vous empêche de vous inspirer de cette méthode pour bouger pendant le travail, changer de position, essayer divers appuis… Même dans une maternité classique, il est souvent possible de demander à ne pas être bloquée sur le dos jusqu’au dernier moment.
Un accouchement plus libre, et ça change tout
Si je devais résumer en un mot ce que propose la méthode italienne ? Liberté. Liberté de mouvement, liberté de choix, liberté d’écouter son corps. Elle remet ce moment unique qu’est la naissance entre les mains de celles qui le vivent — vraiment.
Alors bien sûr, ça ne garantit pas un accouchement de rêve (les rêves, ça reste un peu flou à 3h du mat’ entre deux contractions). Mais ça permet souvent de vivre cet instant de manière plus consciente, plus active et plus respectée.
Et dans ce monde de parentalité où l’on ne contrôle pas grand-chose (si ce n’est savoir où est le doudou, et encore…), ça fait un bien fou de se dire qu’on peut prendre les rênes, même un peu.
Alors peut-être qu’un jour, on parlera toutes et tous de cette méthode comme d’une évidence. Comme on parle aujourd’hui de porter bébé en écharpe ou d’allaiter en public sans sourciller (enfin, presque). D’ici là, continuons à en parler, à nous informer… et à danser notre propre danse d’accouchement.
Parce qu’au fond, chaque naissance mérite une arrivée en lumière. Et si en plus, elle arrive avec un brin d’italianité, une pincée de liberté et beaucoup d’amour, alors ma foi… ça sent bon la dolce vita dès le premier cri.